Histoire authentique

J’avais 18 ans et je travaillais 54, rue d’Hauteville à Paris chez « Vogue » la maison de disques qui m’employais. Un jour, j’ai vu arriver un groupe d’hommes venu pour une audition. Il y avait Gil et Jean, deux chanteurs et paroliers des années cinquante, deux directeurs artistique de chez « Vogue » : Jacques Wolson et Claude Wolff futur mari de Pétula Clark et deux jeunes garçons pas plus vieux que moi.

L’un était guitariste venu accompagner son copain, un grand jeune homme blond, habillé d’un costume couleur aubergine, affublé d’un magnifique œil au beurre noir. Son « oncle » était également présent à cette audition.

Le grand blond, pris quelques partitions qu’il posa sur l’escabeau qui se trouvait là.

A ce moment là, y eu un déchaînement de voix, d’onomatopées et de cris.

Avec mon collègue, André Bernot avec lequel je travaillais sur les montages de bandes magnétiques nous n’en croyons pas nos yeux et nos oreilles.

Le jeune garçon gigotait dans tous les sens, prenant des attitudes à la « Elvis Presley » criait plus qu’il ne chantait et pas vraiment juste.

A la fin de l’audition, Jacques Wolson homme de petite taille et très rond, le cigare à la bouche s’avança vers le grand blond encore en sueur et lui signifia qu’il serait heureux de lui faire signer un contrat avec l’accord des famille en l’occurrence le cousin qui était son tuteur.

Le jeune homme signa illico le contrat qui allait bouleverser le cours de sa vie.

Comme nous avions un an de différence, nous avons très rapidement sympathisé.

Il venait tous les jours dans le petit studio où il avait auditionné et il me montrait les quelques photos en noir et blanc qu’on lui avait fait pour sa toute première pochette de disque.

Nous étions devenus de bons copains et lorsqu’il a su que je jouais de la batterie, il me dit qu’il cherchait justement un batteur pour l’accompagner.

Il me donna sa carte de visite ; qui est toujours en ma possession, avec son adresse "JOHNNY HALLIDAY" 13, rue de la Tour des Dames tout près de l’église de la Trinité.

Un après-midi, j’ai pris le métro avec ma caisse claire, mes cymbales et mes baguettes sous les bras.

C’était un minuscule studio au premier étage d’un ancien petit immeuble.

Lorsqu’il m’ouvrit sa porte, une forte odeur de poisson et de pipi de chat chatouillait mes narines.

J’entrais dans sa petite chambre, il y avait un petit lit à gauche et un piano droit à droite où se prélassait le chat.

Sur les murs de la pièce étaient collées les photos des stars de l’époque.

Elvis Presley, James Dean, Brigitte Bardot, Paul Anka, etc …

Tout l’après midi nous avons joué du rock and roll et de temps en temps le blondinet regardait les photos d’Elvis en essayant de reproduire les poses et attitudes du chanteur américain.

Quelques temps après, il enregistra son premier 45 tours et devint très rapidement l’idole des jeunes, je le croisais de temps en temps en tournée à travers la France.

J’accompagnais un chanteur également vedette de la chanson « Alain Barrière »

Il y a 54 ans que cette histoire a commencé.

Longue vie à toi Johnny Hallyday